En 2018, Dalila se rend au site de Wled Ryah avec sa famille. Une visite remplie d’histoire et d’émotions. Elle partage ce moment avec nous.
Dans le dernier article, nous parlions des Enfumades du Dahra. Ce massacre ordonné par le colonel Pélissier, qui fut de tuer plus de 800 Algériens en les asphyxiant dans une grotte. Suite à la publication de l’article, Dalila réagit et commente : “Juste à côté de chez moi en Algérie. J’ai des images de l’endroit à ce jour. J’y suis allée avec ma famille pour comprendre de plus près“. Je la contacte alors, savoir si elle aimerait partager son ressenti sur le site. Dalila accepte avec enthousiasme et nous offre au final bien plus qu’un récit ; une visite guidée qui nous plonge dans cet instant, chargé d’histoire et d’émotions.
C’était pendant nos vacances d’été 2018 en famille dans un petit village nommé Negmaria. Près de là se situait le site protégé de Wled Ryah, mes parents en avaient entendus parler et ils voulaient absolument nous y emmener. Mes grands-parents, du côté de mon père ainsi que de ma mère sont issus de Wled Ryah, ils connaissent donc la tragique histoire de leur peuple. Le site est situé en altitude, de la bas la vue est immense et calme. Une fois sur place nous sommes guidés par un homme qui reste sur le site afin de surveiller et de guider les personnes s’y rendant. Ce jour là il faisait très chaud. En haut l’air était frais. Nous avons instinctivement suivis les panneaux qui expliquaient chaque endroit ainsi que l’histoire de ces terres.
Bien avant les grottes, une grande place y est érigée où l’histoire y est écrite et expliquée. Près de cette place un petit musée y fait place, à l’intérieur on y voit des grandes peintures qui illustrent le génocide ainsi que des objets retrouvés à l’intérieur et de par et autre les grottes. En suivant des escaliers qui nous mènent vers l’entrée des grottes, nous apercevons les plaines et les terres qui devaient auparavant servir de refuge. A la fin du chemin se trouve un grand grillage qui laisse paraître la vue à ces grottes. L’entrée y est bien sûr interdite. Mais de cet endroit nous observons très bien et imaginons avec clarté les mémoires de nos ancêtres. Les yeux rivés vers ces grottes nous visualisons très bien la scène, nous restons calme un moment, nous prions en silence avec mes grands mères et mes parents.
A côté se trouve une grande plaque de pierre, y est gravée dessus l’histoire de ces endroits. En remontant dans les escaliers, sur nos pas, nous apercevons un endroit dédiés aux familles, aux enfants, comme une air de jeu, avec des toboggans et des balançoires. Mes grands mères me disent que le village a voulu installer ceci afin que nos enfants puissent se réappropriaient leur terre, mais dans une atmosphère de gaieté afin de ne pas leur laisser une image de terreur. Cette place permet de rendre hommage et de prier sur nos martyrs, honneur et gloire à eux. Des tables et des bancs en bois y sont installés pour permettre aux familles d’y pique niquer. De s’assoir à même le sol et d’y écouter nos grands-mères nous raconter leur histoire.
Cet après midi m’aura appris tant sur l’histoire de mon pays et plus essentiellement sur l’histoire de ma patrie, de mon village. Elle sera gravée à jamais dans ma mémoire.
Dalila Belakehal
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