Faire le pont entre art et mémoires, un élément que l’on retrouve dans l’art de Zineb Sedira. C’est la recommandation de la semaine de Récits d’Algérie. Par Wafâa.
L’art au service des mémoires
Intelligible et accueillant, l’art est pour certains un moyen d’expression qui permet de construire et entretenir la mémoire dans le temps, et ainsi de lutter contre son occultation. Mais l’art est surtout un moyen pour son auteur d’être libre dans le sujet qu’il exprime, libre de s’affranchir des limites ou possibles récupérations politiques.
Précédemment nous avons pu nous entretenir avec Tassa qui mène le projet Tassa’Art et avec qui nous avons discuté cette question de l’art comme moyen d’aborder les mémoires ou encore son identité. A travers le projet Récits d’Algérie, la question des mémoires de la Guerre d’Indépendance est transmise de façon très personnelle par les récits des témoins, mais a pour finalité de devenir collective, tout comme l’art finalement. C’est pourquoi, nous partageons avec vous le portrait et un bout du travail de Zineb Sedira, représentatif selon nous de cette démarche liée à la transmission de la mémoire de la guerre d’Algérie.
Le portrait de Zineb Sedira
Née à Paris en 1963, Zineb Sedira est une artiste qui a grandi à Gennevilliers, où ses parents ont émigré en 1961 de Bordj Bou Arreridj en Algérie. Elle suit des études d’art en Angleterre à la Central St martin’s School of Art, la Slade School of Art et enfin le Royal College of Art. Elle travaille aujourd’hui son art entre Londres, Paris et Alger, ville dans laquelle elle a créé « l’Artist residency in Algiers », une résidence qui favorise le développement de l’art contemporain en Algérie.
Par les moyens de la vidéo, du film, de l’installation et de la photographie, Zineb Sedira exprime son intérêt pour la collecte, l’enregistrement et la transmission de l’histoire postcoloniale, à laquelle se manifeste parfois un lien personnel et familial.
Quelques-unes de ses œuvres portent sur l’indépendance de l’Algérie (Laughter in Hell, 2018 ; standing Here Wondering Which Way to Go, 2019). A travers ses dernières expositions, l’artiste fait référence aux mouvements révolutionnaires des années 1960 à 1970 mais délivre aussi un questionnement personnel tout en abordant la question de notre capacité à tirer des enseignements de l’Histoire.
Les oeuvres de Zineb Sedira
Dans son exposition « Standing Here Wondering Which Way to Go”, l’artiste recrée son salon et tous les détails qui y figurent (photos, livres, images…) évoquent le mouvement présent dans la capitale Alger, durant les années post-indépendance, un mouvement empreint d’un combat pour la liberté.
Dans l’une de ses installations intitulée « Lighthouse in the Sea of Time » de 2011, l’artiste nous emmène au cœur des phares de Sigli et Cap Caxine, monuments érigés pendant la colonisation. Elle y évoque ce que représentent ces monuments mais aussi la période coloniale, la guerre d’Algérie, la mer et la perte d’activité des gardiens.
Un extrait des œuvres vidéo et d’autres photographies de cette exposition sont à retrouver sur le site de l’artiste. Dernièrement, l’exposition : « Ce qui s’oublie et ce qui reste » était à visiter au Musée national de l’histoire de l’immigration à Paris (du 19 mai au 29 août 2021). Actuellement, l’exposition « Alger, archipel des libertés » est à voir au Frac Centre-Val de Loire, à Orléans jusqu’au 2 janvier 2022. L’artiste a d’ailleurs été sélectionnée pour représenter la France à la 59e Biennale de Venise en 2022.
Par Wafâa