Donner une seconde vie au poème “Corvée de Bois” de l’ancien appelé Georges Garié, afin de dénoncer l’usage de la torture pendant la guerre d’Algérie.
L’usage de la torture pendant la guerre d’Algérie fut un sujet tabou pendant longtemps. On a essayé de l’occulter, de l’oublier. Les récits témoignant des méthodes de torture dont a fait usage l’armée française pour maintenir le contrôle du mouvement d’indépendance algérien ont été censurés dans leur majorité. Au premier abord, il semblait que l’horreur dont a fait preuve l’armée française en Algérie était motivée par des fins informatives. En témoigne par exemple l’usage de la « gégène » pour obtenir des noms, des indications afin de démanteler les réseaux de résistants algériens et abattre tout mouvement indépendantiste.
Pourtant, une méthode de torture secrète, occultée, ne semble pas trouver d’autre raison que celle de la barbarie humaine. C’est la méthode de la « corvée de bois ». Une méthode d’exécution sommaire par laquelle les soldats de l’armée française faisaient mine de libérer des prisonniers, avant de les exécuter. Le prisonnier se voyait rendre sa fausse liberté. Liberté, car il lui était permis de s’échapper. Fausse, car cela n’avait que pour conséquence sa mort : « Parmi les méthodes, il en était une, secrète, inavouée, mais en réalité assez connue pour terroriser l’adversaire, « la corvée de bois ». L’armée française l’a pratiquée en notre nom à tous, au nom de la République. On a vu des unités régulières, des sections, emmener en pleine campagne un groupe de « prisonniers de guerre » ou de simples « suspects » pour effectuer une corvée de bois, et là, faire mine de leur rendre la liberté, de les laisser partir, et puis de les abattre – comme les lapins de la Règle du jeu, de Renoir – ou, dans d’autres cas de figure, de leur faire creuser leur tombe avant de les achever, ou de leur tirer dessus parce qu’« ils tentaient de fuir ». [Jean Sprecher – à contre-courant – 2000]
Entre 1956 et 1957, Georges Garié est appelé en Algérie, dans le cadre de son service militaire en Kabylie. Un demi-siècle plus tard, il écrit des poèmes qui lui servent de thérapie et de support afin de témoigner auprès des plus jeunes de sa région : l’Occitanie. Afin de transmettre au mieux ses écritures et, par là, ses mémoires, nous avons décidé de réciter et d’illustrer ce troisième poème afin d’avoir ce rendu vidéo, et lui donner ainsi une seconde vie.
- Interprété par Youssef Swatt’s
- Illustré par André Barbosa Silva
- Composition musicale de Hakim Yaha
- Réalisé par Farah