“Terre des femmes” est un roman écrit par Nassira Belloula, paru en 2014. C’est la recommandation de la semaine de Mayssa.
https://twitter.com/NBelloula/status/1214233123329847299?s=20
La terre des femmes contée dans ce roman, ce sont les Aurès. Région montagneuse au relief difficile peuplée de chaouis, ces « fiers montagnards » insurgés de nombreuses fois « jusqu’à l’ultime novembre 54 », où les premiers coups de feu de la Révolution furent tirés.
Une lignée de cinq femmes y est décrite, une filiation de femmes fortes, courageuses et déterminées, vivant des histoires d’amour passionnées mais aussi des histoires tragiques narrées dans ce roman. Ces générations de femmes sont racontées très précisément de 1847 à 1957, permettant de balayer un large pan de l’histoire coloniale algérienne. En effet, sont exposés différents temps de l’histoire, et différentes façons de vivre sous domination coloniale : de l’effroyable conquête du village de Nara, de la répression des nombreuses insurrections menées dans ce pays chaoui (1) à la vie en tant qu’algériens dans un village colonial et enfin au maquis, dans la guerre qui nous mènera à l’indépendance.
Ce roman mêle brillamment fiction et histoire, de façon équilibrée, les passages purement historiques n’ôtant rien à la fluidité du récit et permettent au contraire de poser précisément le contexte pour mieux éclairer les évènements décrits. Richement et soigneusement documenté, des extraits de comptes-rendus militaires français sont cités (Bugeaud, Arsène Barteuil, Pélissier, saint-Arnaud…) ainsi que des informations très précises sur les tribus citées et leur mode de vie, les batailles décrites, les villes et villages parcourus… C’est un récit passionnant et émouvant, où l’on suit la vie de ces femmes de génération en génération, chacune supportant son lot de drames personnel et familial mais résolue à se battre : pour son honneur, l’honneur de sa famille, de sa tribu, et de sa patrie. Entre traditions et révolutions, ces femmes exceptionnelles nous donnent une leçon de courage, et nous font voyager dans les Aurès et leurs magnifiques paysages, mettant en lumière cette splendide et rebelle région.
L’auteure rédige ainsi un très beau roman, vibrant hommage à sa région natale, et aux femmes. C’est un livre riche en informations, instructif et captivant.
(1) – bien que, comme l’ai dit le duc d’Aumale en 1944 cité dans l’ouvrage « Les Djebels-Aurès ne sauraient être considérés comme soumis, la résistance y est seulement décomposée et non détruite »–
Par Mayssa. B
Critiques de la presse algérienne à sa parution :
- LeSoirDalgerie
- L’Expression (attention spoiler à la fin de l’article)
- Liberté