Le 8 mars dernier marquait le cinquante neuvième anniversaire de la mort de Mouloud Feraoun, tué en 1962 par l’OAS. La force de Mouloud Feraoun souffle toujours aujourd’hui, à travers ses œuvres littéraires. « La terre et le sang », écrit en 1953, est la recommandation de la semaine de Récits d’Algérie. Par Mayssa.
Mouloud Feraoun est un auteur algérien d’expression française. Il fréquente l’école de son village, puis l’école normale et deviendra instituteur puis inspecteur des centres sociaux. Il est décédé en 1962 à Alger, assassiné par l’OAS, ainsi que quatre autres de ses collègues. Il raconte son histoire dans un roman presque autobiographique : Le fils du pauvre (1950).
La terre et le sang porte sur la vie de Amer-ou-Kaci. Jeune habitant d’Ighil-Nezman, il quitte sa Kabylie natale, ses montagnes, son village, et, surtout, ses parents pour rejoindre la France. Il retrouvera des travailleurs immigrés comme lui dans les mines du nord de la France, des oncles, et ainsi une nouvelle famille en cette terre d’exil. Ils connurent ensemble le travail acharné, la pauvreté, les chambres miteuses dans lesquelles ils logeaient, le racisme mais aussi… la mort. Evènement qui aura de nombreuses conséquences sur place et outre-méditerranée et qui hantera notre protagoniste jusqu’à son retour sur sa terre natale.
Parce qu’il retournera en Kabylie, Amer, auprès des siens, et accompagné d’une tharoumith (française) rencontrée à Paris, à la surprise générale. Il va redécouvrir sa mère, ses cousins, ses voisins. Héritages, mariages, vengeances, rencontres à la djemaa rythment sa nouvelle vie et celles des gens de son village.
L’auteur nous sert par cette occasion un portrait au vitriol des habitants d’Ighil-Nezman, dépeignant très précisément leurs centres d’intérêt, la vie paysanne, les trahisons, coups bas entre familles et clans. A titre personnel j’ai été frappée de la précision avec laquelle il décrit ses personnages et leur mode de vie, leurs raisonnements même les plus sombres : il s’agit là d’un spectacle vivant, couché sur papier.
Par Mayssa